La guerre en 1940. Celle des civils. Leur exode vu d’un quai de gare. Les trains, les troupes, les réfugiés sont les acteurs de cette catastrophe de masse. Tout un peuple pris de vagabondage dans la panique de l’avancée allemande. Et parmi eux, dans la promiscuité d'un wagon bondé, un Français banal et une mystérieuse étrangère font connaissance et s’étourdissent dans une liaison sans lendemain.
Ces moments-là, Georges Simenon les a vécus aux premières loges. Pour une fois, il fut un acteur de l’Histoire en marche avant d’en faire une histoire, lorsqu’il fut chargé de diriger avec les moyens du bord le centre d’accueil aux réfugiés belges à la gare de La Rochelle.
La débâcle provoqua, de son propre aveu, une sorte de soulagement en lui. Comme s’il se trouvait débarrassé d’une vie qui lui pesait, qui n’avait plus de goût. La dure réalité des événements lui faisaient prendre conscience de ses propres réalités. Comme le personnage de son roman Le Train, Marcel Féron, marchand d’appareils de radio à Fumay, et comme beaucoup de Français, il percevait le monde extérieur avec d’autant plus d’acuité que les instants étaient tragiques à titre personnel. La catastrophe de masse qui s’abattait sur la France jetait une lumière crue sur son drame intime lorsque son regard croisa celui de la jeune juive tchèque Anna Kupfer. Un processus significatif de la fameuse « atmosphère Simenon »
Le Train est paru en 1961, quelques mois après avoir été écrit, soit plus de vingt ans après les événements. Le récit de « sa » débâcle, qu’il avait provisoirement intitulé « La Gare », l’avait longtemps hanté avant de le rattraper : « une matière terrible et magnifique qui me fait un peu peur… un jour ou l’autre, je céderais à une sorte de besoin » confiait-il dès l’été 1940 à son éditeur Gaston Gallimard. En général, Simenon n’avait besoin que de deux ou trois ans de décantation avant de se laisser rattraper par une émotion, un souvenir, un détail susceptibles de lancer un nouveau roman. A ce titre aussi, Le Train est une exception dans son œuvre abondante qui ne contient que deux romans dont la seconde guerre mondiale est la toile de fond, l’autre étant Le Clan des Ostendais. Mais si Le Train nous emporte plus loin et plus durablement, c’est que la guerre y est vécue comme une affaire personnelle entre l’homme et son destin.
Le Train, de Georges Simenon est publié aux éditions Omnibus et au Livre de Poche.
Adaptation : Pierre Assouline
Réalisation : Blandine Masson
Musique originale : Eric Slabiak
Avec les comédiens :
Bruno Raffaelli, Françoise Gillard, Guillaume Gallienne, Adeline d’Hermy, Pierre Hancisse, Rebecca Marder.
Les élèves-comédiens de la Comédie-Française :
Pénélope Avril, Vanessa Bile-Audouard
et les voix de Laurent Natrella de la Comédie-Française et Jeannette Veyssière.
Et les musiciens :
Caroline Sageman piano
Claire Luquiens flûte
Amanda Favier violon
Eric Slabiak violon
Marie Kuchinski alto
Sébastien Giniaux violoncelle
Nathanaël Malnoury contrebasse
Tarif unique 15 € / 5 € pour les moins de 28 ans
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